CORRESPONDANCE ADRESSEE A UN PRISONNIER DE GUERRE
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Verso le l'enveloppe de la lettre du 5 MAI 1944 Comporte un numéro de contrôle N° 552
Lettre du 5 MAI 1944 affranchie par un timbre yvert n° 522 faciale 4Francs
Oblitération GRENOBLE GARE ISERE
Grenoble le 5/5/44
Mon cher Pierrot
Reçu ce matin ta carte du 25/4. C’est avec beaucoup de plaisir que je t’ai lu, et relu, cherché, réfléchi, et peut-être trouvé : ce n’est pas la sœur de Madeleine, Léontine je crois ? Tu me diras cela sur ta prochaine. Enfin en attendant je te félicite, tu n’as pas perdu ton temps, et tu es l’enfant bien accueilli, en attendant ton retour, puisque des deux côtés tu reçois tes colis. Chose appréciable en ces temps. Tu penses à elles en mangeant les bonnes choses, et ton temps passe plus vite en les entretenant d’une correspondance suivie. Après ton retour tu as raison d’envisager une période d’amusement avec l’un ou l’autre ou même les deux, période sans soucis, et ensuite un petit tour de France, et ta décision sérieuse pour l’avenir. Tu me dis n’avoir rien reçu de tes parents depuis 47 jours au 25/4 Madame H (La mère du destinataire de la lettre) me disait sur sa dernière lettre n’avoir rien reçu de toi depuis le 4 mars. Ta dernière lettre était du 23 février, et elle m’écrivait le 11 avril. Tous se portaient bien Je leur écris par ce même courrier, leur disant que je viens de recevoir de tes nouvelles, que tu te portes toujours bien, avec un bon moral. Je suis heureux que ta santé soit parfaite, et j’aurais à te revoir beau, grand garçon, bien portant, aimant les femmes, te dépensant auprès d’elles sans compter, leur donnant le meilleur de toi-même…etc..etc..en somme en leur prouvant que tu as non seulement un cœur, mais que ce cœur est un bureau de bienfaisance etc..etc..
Mes félicitations aussi pour la continuité des bonnes relations avec Mlle Marie-Anne. C’est un nom bien Breton. Est-ce elle qui t’envoie des colis de Paris ? Ça fait du bruit à paris en ce moment, il est fort probable qu’elles vont retourner dans la famille en attendant que le calme renaisse.
Ici, rien de changé, un peu plus calme malgré tout, quoique cela, le ravitaillement est toujours très mauvais, nous avons encore manqué de trains il y à une quinzaine de jours. Maintenant nous sommes inscrits et l’on nous donne la ration correspondante à la catégorie tous les jours, en légumes rien, en matières grasses 100 grammes pat mois, en fromage 60g le mois dernier, et il y a un moment que cela dure. Nous allons vers des jours meilleurs, et j’ai le ferme espoir que 44 est l’année de la libération. Dans quelques mois la correspondance ira plus vite ?
Je te quitte Cher Pierrot, conserve ton moral, écris-leur en pensant à moi, et dis moi comme tu me le propose le nom de celle que je connais.
Ecris mois le plus tôt possible, je te répondrai de même.
Mes Bonnes Amitiés, Bonne Santé et bien cordiale poignée de main
Emplacement de la signature
Je ne travaille pas depuis un mois, j’en ai encore pour une quinzaine, je ne tenais plus sur ma jambe droite. Varice pieds et jambe, on me soigne par des piqures, ça va un peu mieux.
4 ème lettre : 5 mai 1944